mardi 28 juin 2011

petit seigneur

Ce qu'on veut c'est du bonheur
dans nos plaines creusées
de sillons ravageurs
et emplir nos tranchées
de rosier grimpeur
et de sourires de filles
on veut des petits matins
aux brumes qui scintillent
des aurores boréales
sans fumée de méthanes
et qu'on nous foute la paix
quand on baigne dans nos songes
où flambent aux bûchers
les angoisses qui nous rongent

Mais qui voilà, petit seigneur
qui insuffle la peur
et maître en la demeure
demeure et règne en maître
de son mètre et demi
est pris pour un sauveur
puisqu'il est beau parleur
qu'il tue nos ennemis

on veut rester rêveur
accepter de vieillir
et mourir de bonheur
dans une mer de souvenirs
on veut faire des enfants
qui aient un avenir
on veut couvrir les gens
de nos doigts de pianiste
de nos rires de géants
de notre amour simpliste
et que lorsque l'on chante
dans les rues endormies
le somnambule serpente
et retourne à son lit

alors sous les clameurs
petit seigneur se fait charmeur
il nous promet l'argent du beur
fait de nous des danseurs
et nous dansons pour l'heure
au rythme de ses humeurs
des fils au bout des doigts
comme des petits soldats

La mer ou la mort

tout minots dans les ruelles il lui faisait voir sa vertu
il découvrait sa citadelle baptisant les terres inconnues
avec ce qu'il faut d'innocence c'étaient les premières ivresses
dans les vapeurs de brume épaisse ils partageaient leurs premiers mots
sans se soucier des brutes épaisses qui faisaient tinter leurs grelots
dans l'espoir vain qu'on les cajole c'est pas de l'amour quand on racole

s'ils faut prendre la mer
et la gueule dans les embruns
le sang bouillant à seau
pissant sur des montagnes d'eaux
ou à terre garder son cul
marié où pendu
va pour la danse des nues

à coup de dentelles et de brûlots finies les ruelles des premiers mots
il l'emmènera sur un bateau une coque de noix de sa bricole
ils seront les seuls matelots et la jeunesse n'a qu'une parole
même parafée à la picole dans les arrières salles de bistrots
où l'alcool coule sur les vestons dans les grognements des ivrognes
loupiots qu'ils sont dans leurs visions tandis que se tordent les trognes

s'ils faut prendre la mer
et la gueule dans les embruns
le sang bouillant à seau
pissant sur des montagnes d'eaux
ou à terre garder son cul
marié où pendu
va pour la danse des nues

causer ça remplit pas le frigo faut bien vivre les petits boulots
il partiront pêcher la chimère quand aura grossi leur magot
rêvons encore un petit morceau dans la houle d'un dernier verre
là sous les tables ça grouille à terre dans les relents de mauvaises bières
ils ne seront pas comme ces clodos à mourir chaque jour dans une chope
eux ils baiseront Amérigo et il feront valser Europe

s'ils faut prendre la mer
et la gueule dans les embruns
le sang bouillant à seau
pissant sur des montagnes d'eaux
ou à terre garder son cul
marié où pendu
va pour la danse des nues

à ne pas lever l'ancre les goémons ça pousse jusque dans le ciboulot
café du port c'est un beau nom pour deux rêveurs sans ambition
le travail c'est un démon qui vous met les couilles dans un étau
à servir les buveurs d'océan les années vous noircissent le sang
si les Juliette les Roméo ne vivent pas jusqu'à 20 ans
c'est qu'il faut partir de son vivant se marier c'est mourir trop tôt

s'ils avaient pris la mer
et la gueule dans les embruns
le sang bouillant à seau
pissant sur des montagnes d'eaux
à la terre se sont vendus
marié où pendu
va pour la danse des nues