vendredi 19 novembre 2010

Madame Siouplé

Encore une chope dans un bastringue
voilà 100 ans que je sirote au zinc
dans les effluves de la misère
madame siouplait encore un verre
madame siouplait...-

madame est morte sur le zinc
en servant son dernier verre
à la santé d'un baltringue
qui n'a jamais fini sa guerre
madame est morte !
Madame est morte !

Dans le reflet de ses yeux moches
comme sur l'écran du cinoche
c'est toute sa vie qui dégouline
sur les poivrots et leur chopines

l'innocence de ses dix ans
entre les cris de ses parents
la fraîcheur de ses vingt ans
les fesses offertes au tout venant
dans le doute de ses trente ans
mariée à un habitué
et puis à quarante balais
elle l'a viré à coup pavé
arrivée sur la cinquantaine
plus rien ne lui fait de la peine
à soixante il est trop tard
pour commencer une autre histoire

madame siouplait comment je fais
allez vous pouvez pas crever
je vais quand même pas me servir tout seul
puis faux vraiment que je me saoule la gueule
puisque vous restez au comptoir
je vais vous raconter mon histoire

l'innocence de mes dix ans
entre les cris de mes parents
la grande gueule de mes vingt ans
dans les bistrots évidement
dans le flou de mes trente ans
marié à une fille du quartier
et puis à quarante balais
je me fais virer à coup de pavé
arrivé à la cinquantaine
cette pute de bouteille n'est jamais pleine
à soixante il est trop tard
profession pilier de bar

j'ai pas vécu et je suis pas mort
je suis devenu complètement dingue
à boire des chopes dans ton bastringue
dans les effluves de la misère
madame siouplait encore un verre
madame siouplait...

A la santé!

Je voudrais lever mon verre
à tout ce qu'il y a de beau sur la terre
Oublions pour un instant
les fait divers les mauvaises gens et les galères
que l'alcool donne à mes yeux le courage
de goûter au doux mirage d'un monde parfait
puisque vous et moi et lui
sommes des amis pour aujourd'hui
trinquons ensemble à la timbale

A l’amour aux mille chemins
Aux détours à ceux qui tendent la main
A la mémoire des beaux matins
A l’espoir que demain ça recommence
A la chance qui mène la danse
Aux demoiselles
qui nous entraînent sur leurs elles
Aux beaux gars qui referment leurs bras
avec douceur et la tendresse
de leurs caresses
A nos amis perdus pas tous sous terre
certains espèrent grandir à l'envers
A nos histoires pas toutes menties
la plus magique c'est le sens de la vie
A cette instant sans prétention
A ce présent qui ne fini pas de s'étaler de jours en jours
Aux voyages des continents de notre terre
ou de l'imagination
A l’alcool qui nous en vole
des souvenirs les plus frivoles
A la musique cette angélique
qui tresse nos nerfs à nos chimères
A toi qui écoute moi
dans mon délire que tu peux lire
sur tes doigts
A cette vie, ses vices et vertus le temps qui tue les amertumes

Allez à demain, s’il y en a un.

Les Nantis

Des hauts quartiers cousus de fils d'or
montent les hurlements des porcs
coulant de graisse suintant les morts
trinquant dans la joie et la négresse
gorgés de vice et de richesses
à jeter les restes au caniveau
pour refiler à leurs pourceaux
la bienséance d'être obligeant
envers ces braves mais pauvres gens

qui ne savent pas vivre évidemment
vomissant la bile à toute heure
sur les garants de leur labeur
que c'est ingrat de souiller la fange
en crachant sur l'excrément qu'on mange
car c'est cela qui de porc en porc
nourrit la guerre et son effort
vaincra par la loi du moins mort
vaincus par la loi du plus porc

Ca braille dans les hémicycles
on est pas copain comme cochon
ici qui survivra verra
le règne des gras des moribonds
de la finance de la science
ça se gorge de méfiance
les uns les autres à bras le corps
ne se rencontrent entre verrats
que pour mettre à bas les tchadors

Voilà la nuit tombe sur nos fenêtres
qui sommes nous qui voulons-nous être ?
encore l’esclave, encore le maître ?
oiseaux de basse-cour et se repaître
de pauvres miettes de liberté ?
mais j’ai faim ô goret
mais nous avons besoins de nous envoler