lundi 5 avril 2010

Monsieur!

Sitôt que s'entrevoit
l'éventualité que
peut-être il se pourrait
que l'on déverse
dans des oreilles diverses
quelques idées conçues
par des mœurs incongrues
se posent sur nos lèvres
des hordes de corbeaux
prêts à lécher nos mots
en pieuses convenances
allons ne bousculons pas l'existence

vous me broyez les couilles, monsieur

l'éternelle redondance
des vomissures lyriques
ne laisse que peu de chance
d'émoustiller les commissures
de mon faciès
si je ne recherche pas
dans les jupes de cet air
les hurlements de liesse
des grands folliculaires
j'en arrive à plier de l'échine
afin de me satisfaire des sacrosaintes routines
voilà qu'à grand coup de pied dans le train
vous me ramenez du couplet au refrain

vous me broyez les couilles monsieur

peut être ma chanson
manque-t-elle d'aphorismes
que le maître étalon
pardonne mon cynisme
si mes vers sont casse-gueule
et exempts de rengaines
la prose que je dégueule
ne plantera pas de graine
voilà pourquoi je vomis cet air
il est j'espère dans la veine populaire
voici mon refrain il n'est pas bien méchant
dans le droit chemin je rentre finalement

vous me broyez les couilles monsieur

J'aime pas

Les icônes crétines ça me creuse la rétine
les beautés félines quand c'est froid j'aime pas
la dégueule acoustique du culte cathodique
ça devient mystique de pouvoir j'aime pas

on a tout vu le monde
tout au travers des ondes
et les fesses d'une brune
la surface de la lune
qu'il reste si peu à faire
en bougeant son gros cul
on connaît moins sa rue
que le bout de la terre

les idiomes de Palestine le goût des mandarines
et les plantes médecines chez soi ça s'apprend pas
les coliques intestines les guerres et les famines
les peurs assassines ça vend du reste chez toi

mais voilà qu'en septembre
la terre se met nue
les arbres en rougissent
de la voir dévêtue
et les quidams maudissent
en bons cavernicoles
que toute cette nature morte
vienne joncher leur sol

les saisons se dessinent les années courbent l'échine
et les hommes s'enracinent leur idéal c'est ça
les cris des machines le bout de leur pine
le blé qu'ils ruminent il ne leur reste que ça

une casquette de gavroche
les mains au fond des poches
un pied sur le fil d'horizon
funambule en toute saison
les dents plantées dans le présent
à vaut l'eau ce que j'aime pas
moi la vie j'aime ça

Croquemitaine

Je sais qui vous êtes
je vous ai vus l'autre soir
vous étiez à ma fenêtre
vous dansiez dans le noir
vous marchiez au plafond
croquant de la lumière
parcouru de frissons
vous me glaciez la chair
Ô monstres sous mon lit
vous changiez de visage
vous deveniez harpies
ogres des marécages
alors vos yeux s'illuminent
dans le fond du placard
ça complote ça fulmine
ça grogne à mon égard

lors j'ai des idées malsaines
suivi par le croquemitaine
de tout de rien du mal du bien
j'ai peur

je sais qui vous êtes
je vous ai vu allez au diable
seigneur de la disette
vous trôniez à ma table
caressant de vos doigts
mon précieux bas de laine
menaçant et sournois
le gourmand croquemitaine
du noir j'ai peur
de la faim j'ai peur
d'importuns j'ai peur
des histoires j'ai peur
du beur j'ai peur
de tout perdre j'ai peur
d'être seul j'ai peur
que j'en meure j'ai peur
du nombre j'ai peur
de mon chien j'ai peur
de mon ombre j'ai peur
du voisin j'ai peur
que tu partes j'ai peur
fait divers j'ai peur
et l'enfer j'ai peur
d'avoir peur j'ai peur

Ô monstre de la nuit
vous creusiez ma mémoire
dans l'ivoire de mes os
érigeant un manoir
à la gloire de mes maux
mes yeux se révulsant
capitonné de faux
je suis un mort vivant

je sombre dans la haine
mangé par le croquemitaine
de tout de rien du mal du bien
j'ai peur

Les rues (Simon Barbe)

Mais nous la rue nous a pris
et depuis on y chante la vie
entre nos lignes on lui dit merci
car c'est grâce à elle si on sourit

notre vie c'est les rues d'ici
ou du moins jusqu'à aujourd'hui
on y vit on y pousse nos cris
ceux qui nous ont portés jusqu'ici

nos chapeaux poussent dans les rues
où on vous chante la bienvenue
et si on joue à bras ouverts
de sourires on devient millionnaires

et si aujourd'hui on bat le pavé
c'est juste que ça nous fait rêver
si on rêve tous de se mettre au vert
c'est dire si la vie est à tomber par terre

Je suis mort

Je suis mort ce matin bien portant pas de faim
je suis mort ce matin bien au chaud pas de froid
je suis mort ce matin bien heureux pas de chagrin
je suis mort
dans mon petit lit de bois très ému je revois
ma toute première victoire des premiers pas maladroits
le temps passe sans savoir que le temps passe encore
quand un enfants découvre ses tous premiers trésors
la vie n'est qu'un mot, la vieillesse une fable
et bien sûr les châteaux ne sont faits que de sable

je suis mort

je me repose quel bonheur de revoir encore une fois
les prunelles de cette fille qui m'aimait autrefois
mille lieues de grandes frayeurs je crève d'amour parfois
et souvent de bonheur, la mort ne viendra pas
c'est une sœur qui danse encore sous les couvertures de marbre
des stèles fleuries qu'on décore sur lesquelles on palabre

moi je découvre le feu
les pleurs et les adieux
au champ des orphelins
s'éteint le chant des miens
et puis quelques brins d'herbe
et puis tous les embruns
toutes les mers corps et biens
et les nuits où l'on gerbe
et puis le vent du nord
les maisons au toit blanc
et les prairies d'Irlande
et ces fruits que l'on mord
quelques pagodes en Chine
et mon souffle sur ton dos
les chats qui dressent l'échine
et le Kilimandjaro
et puis les romans de Pénac
la silhouette des dames
tout ce qu'il reste dans mon sac
je vis et je le clame


Il reste quelques fortunes
que se garde la lune
deux ou trois farfadaises
dont je ne vois que l'allure
je vois surtout le miel
et toutes les créatures
les mille et un soleils
gravés sous mon galure

de l'immortalité vendue par les grands saints
des prêches du dimanche qui rendent dieu importun
ou du pouvoir sénile des sénats grabataires
il était hors de question d'en faire mon affaire
les drapeaux et la croix donnent vie au pantin
d'aucun fil je ne voulus, accroché à mes mains

aujourd'hui je suis mort

s'il est un avenir offrant quelques surprises
des expériences nouvelles, il n'en est de plus belle
que d'offrir une danse à la divine marquise
et de fumer la pipe avant qu'elle ne chancelle
je frémis à présent devant le dénouement
comme à la fin d'un conte s'impatiente un enfant
aujourd'hui qu'en est il?
Un grand caillou fertile, dans l'univers une île
où crève un imbécile
qu'à cela ne tienne, j'enroule ma toile
un salut au public, je mets les voiles

je suis mort!

coquelicots (Emmanuelle Fleytoux)

En attendant de voir, du bout des pinceaux
sur les chemins du soir pour la danse des coquelicots
délicieux rêveur, de note en note de souffle en souffle naviguons
avant que le coquelicot ne meure sur le chant d'un accordéon
ver à soie de tes propres mensonges, étouffe-toi
taquinons ta quiétude, jusqu'au bout de ta solitude,
de ta toile et hop mettons les voiles
l'écume des chiffons, est dans tous les caniveaux de note en note rêvons
grimpons sans peur sur le bateau
avant que le coquelicot ne meure sur le chant d'un accordéon
les flocons blancs nous guideront au nord
si nous suivons le vent ton coquelicot nous mènera à son sort et l'accordéon chantera encore et encore et encore...

Coquillette

Coquillette, mignonnette
Tous les jours dans mon assiette
Tu régales mes fringales
Tu mets un sourire sur ma tête

Coquillette c’est la fête
Je n’en laisse jamais une miette
Avec une noix de beurre
C’est toi qui fais mon bonheur

Coquillette dans mes emplettes
Tu as une place de premier choix
Pas besoin d’être malhonnête
Pour acheter des coquillettes

Coquillette c’est bien chouette
De pouvoir compter sur toi
Savoir que pour une piécette
Je mangerais comme un roi

Coquillette jamais j’arrête
C’est un bonheur au quotidien
Quand même avec une côtelette
Ça passerait vachement bien

Coquillette dans mon assiette
Tu commences à me prendre la tête
Tous les jours le même discours
Ça devient lourd à supporter

Coquillette faut que j’arrête
Je suis sur le point d’exploser
Il faut vraiment que j’achète
Quelque chose d’autre à manger

Coquillette faut que ça pète
Ça va être vrai carnage
Un bonjour a la supérette
Je fais exploser ma rage

Coquillette c’est la fête
Je fais exploser les têtes
Ouvrez bien grand vos mirettes
J’vous transforme en coquillettes

Je les ai mes côtelettes
J’aurais un festin ce soir
Et à coup de mitraillette
Je me fabrique des passoires

Botlecudunflic

Si un jour par mauvais temps
Tu te retrouves dans la misère
Que tu n’as plus d’autre choix
Que même l’argent devient trop cher
si tu dors sous les ponts
prends ton courage entre tes mains
si ta maison est en carton
écoute donc voir ce petit refrain

Botte le cul d’un flic
Et tout de suite t’es récompensé
T’as gratuitement une piaule chauffée

Si d’aventure destin fatal
Tu te retrouves seul sur la terre
Que plus personne ne veut te passer la balle
Que tu as un cafard d’enfer
Si tu cherches de la compagnie
Va voir à la préfecture
il y aura là quelques amis
Toujours prêts à l’aventure

Botte le cul d’un flic
Et tout de suite c’est le bonheur
Des amis pour 72 heures

Si par malheur tu tombes malade
Que tu sens que la santé te lâche
Que personne n’est à ton chevet
Même pas un pote pour t’achever
Rassemble tes dernières forces
Arme ton pied le plus leste
Ajuste bien ton amorce
Et vise entre les deux fesses

Botte le cul d’un flic
On prendra ta température
Sans thermomètre au mercure

Si l’amertume gagne ton cœur
Que le grand amour s’est fait la malle
sois pas trop triste et sèche tes pleurs
de toute façon tu vaux que dalle
motivé à la cigüe
Va prendre l’air dans la rue
Trouve une petite contractuelle
Et donne lui un coup dans l’aile

Botte le cul d’un flic
T’as tout un contingent aimable
Offert par le contribuable

De sel et de cannelle

Qu’il en faut du temps pour qu’une nuit s’allume
Et devienne au matin quand les nuages s’écument
Un drap que l’on soulève pour que la chair exhume
Les absences en volutes que le feu consume
Et toi beauté fille de l’inconnu
Voilà que tu t’es posée et que tu t’es mise nue
Pour me raconter les contes de la vue
Du goût et du toucher une fois le jour venu
De toutes ces vallées de sel et de cannelle
Ornées de tétons de lèvres et de prunelles
(Parcouru de frissons dressant aux vents charnels)
Des vagues dans les lagons chavirons à l’appel
De ces lutins d’Irlande cachant sous la mousse
Les trésors de la lande au creux des toisons rousses
Des émeraudes si douces qu’elles se veulent en amande
Une amante si rousse que j’en redemande

Qu'aucun

Y a quelqu’un pour chacun
Et chacun s’attend chez soi
Y’a un coquin chez chacun
Et chacun se moque de moi
Pasque moi je n’ai pas quelqu’un
J’suis un coquin disent les voisins
Y a pourtant bien une coquine
Qui voudrait bien être ma copine
Y’a quelqu’un pour chacun
Et chacun pour chacune
Et chacune qui voit le sien
Le sien qui a plus de thunes
Que moi sans un centime
Et cet hymne je le tiens
De ce rien mais intime
La voisine a dit viens
Et la coquine a bu mon vin
Elle m’a pris par la main
Là y en a une qui est pour un
Là dessus je ne dirai rien
Y a quelqu’un pour chacun
Y en a une qui attend chez moi
Qui est coquine comme aucune
Celle là je la garde pour moi

polka du trépas

Que la vie est belle quand ton cœur s'emballe
De battements malicieux et glisse entre mes doigts
Avant de s'arrêter
Que ton chant est doux à me rendre fou
Frissonnant de sueur attendant ton heure
Les pupilles révulsées

C’est la marche du testament
La java du sang
La danse de la potence
La polka du trépas

Que l'amour est bon, donner pour donner
Reprendre et violer dans les bas quartiers
La beauté la jeunesse
Que le temps s'écoule voluptueux amants
Doucement fumant du crack pour de l'argent
Ou le temps d'une bassesse

R

Que le ciel est bleu si profond que tu fonds
Tes lacets se défont ainsi font font font
Les petites marionnettes
Que le geste est gracieux au reflet de tes yeux
Quand ta gorge sourit fendue au bistouri
Dans une rue déserte

R

Que le monde est beau quand il est vu d'en haut
Quand on a le pouvoir celui de décevoir
Sans que rien ne se passe
Que les cœurs s'étreignent le soir en se couchant
Parce que ceux qui règnent entretiennent leurs tourments
De journaux noirs de crasse

R

Que la vie est belle quand la mort s'en mêle
Que le rouge et noir colore les trottoirs
D’une odeur d'abattoirs
Qu’on a de la chance nous de vivre en France
Loin de la souffrance de l'intolérance...