dimanche 26 décembre 2010

Carnaval

La carne avale
toutes les cabales
mais on se moque
de ce qui s’étale
sur nos pébrocs
tant que dessous
on brasse trois sous
et puis c’est tout
alors on laisse
pousser la laisse
à notre cou
et sa majesté
tenir le bout

mais la terre pour y semer du blé dur
ou du lierre pour grimper le long des murs

la came isole
même la picole
quand on s’envole
beaucoup trop haut
beaucoup trop loin
et puis tout seul
on a sa gueule
et rien de plus
pour vivre heureux
que faudrait-il de moins
pour ne pas crever
seul dans son coin

mais la vie au creux des bras d’une inconnue
ou de la fille pour qui les jours continuent

pourquoi s’en faire
pourquoi l’enfer
même si le bout
de nos croquenots
a plus de trous
qu’un parigot
n’a de verrous
n’a de sanglots
on a la vie
on a le temps
une paire de mains
pour choisir son camp

ou poser nos chaussure de cloune ?
de trop grands pieds pour notre sol
on sait aujourd’hui qu’on ne peut pas vivre sur moon
la terre est un carnaval de camisoles

Les orangers

Avec la rue pour charpente nous avions de quoi mourir
Dans ces rues que l’on arpente quand le ciel vient à rougir
Voilà qu’à l’ombre sinistre d’un quartier en ruine
Entre les persiennes opalines s’offre une maison orpheline

Dans les cris de joie si la chaleur s’en mêle
Mais le plus souvent du sang dedans nos veines
Ca ne suffit pas

A coup de pinceau dans les murs une porte s’est ouverte
Et au milieu des ordures nos corps sont restés inertes
Là, auprès des orangers derrière les vitres cassées
Ici une lézarde est un trait, la mansarde un Monet

Dans les cris de joie si l’ivresse s’en mêle
Mais le plus souvent de la bière dans les veines
Ca ne suffit pas

Autour des rires de fou, quand l’argent change de sacoche
Un couteau et un corps au bout si les doigts se trompent de poche
Drapé d’un silence pesant quand viennent les besoins pressants
Dans un recoin on se terre crispé sur une barre de fer

Dans les cris de joie si l’ivresse s’en mêle
Mais le plus souvent de l’acide dans les veines
Ça ne suffit pas

Ici cela n’a rien d’étrange quand les journées changent de sens
C’est dans le giron de la nuit que la vie pose ses semences
Et sous la flamme des bougies, se cachait un miracle
Alors les traits de nos esprits firent des murettes un spectacle

Dans les cris de joie si l’ivresse s’en mêle
Mais le plus souvent de la peinture sur nos peines
Ça ne suffit pas

Sous la trace d’un burin on a peint la lanterne rouge
Des orangers et des Monet jusqu'à ce que plus rien ne bouge
Et puis chacun son sang mais le cœur unanime
Nous avons mit du vent entre nous et l’orpheline

dans les cris de joie si l’ivresse s’en mêle
et le plus souvent du sang dedans nos veines
on ne s’en fait plus

vendredi 19 novembre 2010

Madame Siouplé

Encore une chope dans un bastringue
voilà 100 ans que je sirote au zinc
dans les effluves de la misère
madame siouplait encore un verre
madame siouplait...-

madame est morte sur le zinc
en servant son dernier verre
à la santé d'un baltringue
qui n'a jamais fini sa guerre
madame est morte !
Madame est morte !

Dans le reflet de ses yeux moches
comme sur l'écran du cinoche
c'est toute sa vie qui dégouline
sur les poivrots et leur chopines

l'innocence de ses dix ans
entre les cris de ses parents
la fraîcheur de ses vingt ans
les fesses offertes au tout venant
dans le doute de ses trente ans
mariée à un habitué
et puis à quarante balais
elle l'a viré à coup pavé
arrivée sur la cinquantaine
plus rien ne lui fait de la peine
à soixante il est trop tard
pour commencer une autre histoire

madame siouplait comment je fais
allez vous pouvez pas crever
je vais quand même pas me servir tout seul
puis faux vraiment que je me saoule la gueule
puisque vous restez au comptoir
je vais vous raconter mon histoire

l'innocence de mes dix ans
entre les cris de mes parents
la grande gueule de mes vingt ans
dans les bistrots évidement
dans le flou de mes trente ans
marié à une fille du quartier
et puis à quarante balais
je me fais virer à coup de pavé
arrivé à la cinquantaine
cette pute de bouteille n'est jamais pleine
à soixante il est trop tard
profession pilier de bar

j'ai pas vécu et je suis pas mort
je suis devenu complètement dingue
à boire des chopes dans ton bastringue
dans les effluves de la misère
madame siouplait encore un verre
madame siouplait...

A la santé!

Je voudrais lever mon verre
à tout ce qu'il y a de beau sur la terre
Oublions pour un instant
les fait divers les mauvaises gens et les galères
que l'alcool donne à mes yeux le courage
de goûter au doux mirage d'un monde parfait
puisque vous et moi et lui
sommes des amis pour aujourd'hui
trinquons ensemble à la timbale

A l’amour aux mille chemins
Aux détours à ceux qui tendent la main
A la mémoire des beaux matins
A l’espoir que demain ça recommence
A la chance qui mène la danse
Aux demoiselles
qui nous entraînent sur leurs elles
Aux beaux gars qui referment leurs bras
avec douceur et la tendresse
de leurs caresses
A nos amis perdus pas tous sous terre
certains espèrent grandir à l'envers
A nos histoires pas toutes menties
la plus magique c'est le sens de la vie
A cette instant sans prétention
A ce présent qui ne fini pas de s'étaler de jours en jours
Aux voyages des continents de notre terre
ou de l'imagination
A l’alcool qui nous en vole
des souvenirs les plus frivoles
A la musique cette angélique
qui tresse nos nerfs à nos chimères
A toi qui écoute moi
dans mon délire que tu peux lire
sur tes doigts
A cette vie, ses vices et vertus le temps qui tue les amertumes

Allez à demain, s’il y en a un.

Les Nantis

Des hauts quartiers cousus de fils d'or
montent les hurlements des porcs
coulant de graisse suintant les morts
trinquant dans la joie et la négresse
gorgés de vice et de richesses
à jeter les restes au caniveau
pour refiler à leurs pourceaux
la bienséance d'être obligeant
envers ces braves mais pauvres gens

qui ne savent pas vivre évidemment
vomissant la bile à toute heure
sur les garants de leur labeur
que c'est ingrat de souiller la fange
en crachant sur l'excrément qu'on mange
car c'est cela qui de porc en porc
nourrit la guerre et son effort
vaincra par la loi du moins mort
vaincus par la loi du plus porc

Ca braille dans les hémicycles
on est pas copain comme cochon
ici qui survivra verra
le règne des gras des moribonds
de la finance de la science
ça se gorge de méfiance
les uns les autres à bras le corps
ne se rencontrent entre verrats
que pour mettre à bas les tchadors

Voilà la nuit tombe sur nos fenêtres
qui sommes nous qui voulons-nous être ?
encore l’esclave, encore le maître ?
oiseaux de basse-cour et se repaître
de pauvres miettes de liberté ?
mais j’ai faim ô goret
mais nous avons besoins de nous envoler

dimanche 25 juillet 2010

La mer ou la mort

tout minots dans les ruelles il lui faisait voir sa vertu
il découvrait sa citadelle baptisant les terres inconnues
avec ce qu'il faut d'innocence c'étaient les premières ivresses
dans les vapeurs de brume épaisse ils partageaient leurs premiers mots
sans se soucier des brutes épaisses qui faisaient tinter leurs grelots
dans l'espoir vain qu'on les cajole c'est pas de l'amour quand on racole

s'ils faut prendre la mer
et la gueule dans les embruns
le sang bouillant à seau
pissant sur des montagnes d'eaux
ou à terre garder son cul
marié où pendu
va pour la danse des nues

à coup de dentelles et de brûlots finies les ruelles des premiers mots
il l'emmènera sur un bateau une coque de noix de sa bricole
ils seront les seuls matelots et la jeunesse n'a qu'une parole
même parafée à la picole dans les arrières salles de bistrots
où l'alcool coule sur les vestons dans les grognements des ivrognes
loupiots qu'ils sont dans leurs visions tandis que se tordent les trognes


causer ça remplit pas le frigo faut bien vivre les petits boulots
il partiront pêcher la chimère quand aura grossi leur magot
rêvons encore un petit morceau dans la houle d'un dernier verre
là sous les tables ça grouille à terre dans les relents de mauvaises bières
ils ne seront pas comme ces clodos à mourir chaque jour dans une chope
eux ils baiseront Amérigo et il feront valser Europe

s'ils faut prendre la mer
et la gueule dans les embruns
le sang bouillant à seau
pissant sur des montagnes d'eaux
ou à terre garder son cul
marié où pendu
va pour la danse des nues

à ne pas lever l'ancre les goémons ça pousse jusque dans le ciboulot
café du port c'est un beau nom pour deux rêveurs sans ambition
le travail c'est un démon qui vous met les couilles dans un étau
à servir les buveurs d'océan les années vous noircissent le sang
si les Juliette les Roméo ne vivent pas jusqu'à 20 ans
c'est qu'il faut partir de son vivant se marier c'est mourir trop tôt

s'ils avaient pris la mer
et la gueule dans les embruns
le sang bouillant à seau
pissant sur des montagnes d'eaux
à la terre se sont vendus
marié où pendu
va pour la danse des nues

lundi 14 juin 2010

Raoul

Combien de corps dans les ruisseaux
Combien de bile dans les caniveaux
Liquide blanc rouge ou mordoré
Qui nous fait voir les monts dorés
Sans y toucher

Et l’ivresse des bas fonds
Les corps en liesse les mots profonds
Les errances dans les blancs corsages
Les corps délaissant leurs images
Au profits de nos bas instincts
Désentravés du dédain

Crasse sur les démons de l’excès
Face à ses sermons caressés
Les péchés les morsures
De la vie qui n’est pas si dure
Qui dure au point de l’indécence
Encore une goutte et c’est l’absence

Et les vagues dessinant des silences
Et puis des cris et plus de sens
Pour un voyage en carrousel
L’oubli puis les bras d’une belle
La vie ne repousse pas
Pour qui voudrait la planter là

Et si ce n’est pas elle
Qui nous enivre
Il y aura une autre bouteille à suivre

Rayon boucherie

Je l’ai croisée au supermarché
Elle avait une robe bleue comme son petit panier
Elle avait le visage d’un ange
En palpant de ses jolis doigts une orange
Elle avait de jolis petits seins
Qu’on aurait tenus dans une main
Et une bouche rouge cerise
A croquer sans gourmandise

J’avais envie de poser genou à terre
Devant le rayons des camemberts
Lui dire t’es la huitième merveille
Juste après la bière et le sommeil

Je tournais en rond
De rayon en rayon
La cherchant de mes yeux
Elle s’en foutant un peu
Elle n’aura sûrement pas vu
Que moi j’avais bien vu
Qu’elle ne m’avait pas vu
Que j’avais la berlue
Devant ses beau pieds nus
Moi qui avais aperçu
Qu’elle était toute nue
Sous ses vêtements

Une de perdue...

T’en fais pas c'était une salope
T’en fais pas elle te manquera pas
Tire pas cette tronche mon gars t’en trouveras une autre
Une de perdue c'est une que tu perdras plus
Puis t'as quand même gardé sa culotte
Puis t'avais même pas payé pour celle-là
Arrête un peu de verser des litres de flotte
C'est un boudin toi tu valais mieux que ca

Bon d'accord maintenant elle est avec moi
Mais je suis un salaud toi elle te méritait pas
Tu sais c'est un peu pour toi que je le fais
Tu vois je fais un sacrifice de plus

J'te vois chialer, et tu sais ça me fait de la peine
On est des frères on peut tout partager
Tu voulais qu'elle soit heureuse, et ben tu vois c'est fait
T'as pas à te plaindre ton vœux est exaucé

Qu’est-ce-que tu fais joue pas avec ça
Si tu me tues, tu pourrais perdre un pote
J’le crois pas t'es vraiment un ingrat
Après tout ce que j’ai fait pour toi
Et allez donc rendre service aux potes
Ils vous le rendent c'est sur mais à coups de bottes
Moi je vous le dis y a plus de moralité
Y a plus un pote sur qui on peut compter

Vous en faites pas c'est toutes des salopes
Vous en faites pas elles vous manqueront pas
Tirez pas ces tronches vous en trouverez d'autres
Une de perdue c'est une de plus pour moi.

L'air con

Une marionnette à faire danser
Un coup de crayon pour voyager
Un pinceau fin pour faire du bien
Un plus épais pour faire rêver

Une chanson un petit air con
Pour faire bouger sous les balcons
Un air de guitare un peu bourrin
Pour faire sauter les galopins

c'est une chanson un petit air con
avec des mots un peu bidons
et des notes

Un petit coup d’accordéon
Pour faire tourner les Madelon
Une petite histoire un conte
Avec la voix de Gabin

Pour que le temps remonte
Jusqu’aux oreilles des gamins
Jeter trois balles en l’air
Pour mettre des couleurs sur terre

c'est une chanson un petit air con
avec des mots un peu bidons
et des notes

Et pis marcher sur les mains
Pour voir le monde a l’envers
Tous les jours faire son cinoche
Pour amuser les gavroches

Une aquarelle pleine de douceur
Ça fait voler tous les malheurs
Une histoire drôle un peu grivoise
Pour que les passants nous toisent

c'est une chanson un petit air con
avec des mots un peu bidons
et des notes

Un rire de fille dans un jardin
Pour sourire jusqu’au matin
Un petit baiser à un paumé
Ça le fait chavirer

Georges

J’aimerais pouvoir te parler du hasard
Et de nos choix qui font qu’il n’existe pas
J’aimerais pouvoir discuter avec toi
De la faim du froid qui indiffère le bourgeois
J’aimerais pouvoir te parler de tout ça
Mais toi tout ce qui t’intéresse c’est les caresses
C’est les caresses

J’aimerais bien te voir t’intéresser
A mes occupations mes lubies mes passions
J’aimerais bien que tu t’occupes un peu
De quelqu’un qui ne soit pas je je je
J’aimerais bien que tu fasses ces efforts
Mais toi tout ce que tu veux c’est que la vie soit un jeu
Que la vie soit un jeu

J’aimerais pouvoir compter sur toi
Quand je ne me sens pas bien pour me serrer contre toi
J’aimerais te voir quand un autre te regarde
Montrer combien c’est à moi que tu tiens
J’aimerais te voir agir comme ça
Mais toi tout ce qui t’importe c’est que l’on sorte
C’est que l’on sorte

J’aimerais pouvoir te parler de mes doutes
De tout ce que je fais pour toi et combien cela me coûte
J’aimerais pouvoir partager avec toi
Tout ce que j’aime et tout ce en quoi je crois
J’aimerais que tu me parles des fois
Mais toi tout ce qui t’interpelle c’est ta gamelle
C’est ta gamelle.

Bon a rien

Qui aurait cru que parti de rien
j'arriverais à rien un sourire aux lèvres
qui aurait voulu faire de moi son roi
et bien ce fut toi voilà qui est bien mièvre
aurait-on pensé que là sans un sous
la gueule en dessous je serais sans regret
un trou dans la poche une cannette en main
payé par vos soins pas besoin d'être riche
il n'y a pas de triche quelques bons copains
un sourire en coin la joie que j'affiche
deux yeux bien plantsé dans une belle journée
un échange de mots avec un clodo
et puis s'il le faut un corps allongé
là pour se frotter c'est pas sale c'est beau

Parade des noctambules

Sous la lueur qui s’étiole
Encore une heure à attendre
Juste une goutte de cette fiole
Pour comprendre

Et si les murs nous mentent
Ce n’est que le prix du rêve
Qui s’accroche et serpente
Nous enlève

Le torrent de nos veines
S’emplit d’une ivresse
Si nouvelle si soudaine
Qu’elle nous blesse

Et les yeux du sorcier
Sortent enfin de la terre
Dans un chaos familier
Des enfers

Alors apparaît
Le conquérant fantôme
De lumière animal
Sur le trône

Sous nos côtes
Sommeille le roi
Il a deux têtes
Il n’en a pas

S’emplit le monde de différence
Je me regarde sans pareil
Il n’y a aucune ressemblance
Je m’émerveille

Je suis le mouton à cinq pattes
Je suis le fils à dieu le père
Je suis l’amour qui éclate
La gueule à Lucifer

S’ouvrent les mers des cinq couleurs
Pour laisser passer le destin
Le peuple du rêve rit et meurs
Mais ne s’éteint

Baigné de lumière ancestrale
Je rejoins mes contemporains
Suant dans un désert mental
Levant le poing

Et je me perds sciemment
Dans cette révolte imaginaire
Les voies grondent d’un seul tenant

Les violoncelles ne jouent plus (Manue Fleytoux)

Ami je reviens de loin là où les lits sont des lèvres
Ami ne tombe pas car ici les tiens s'achèvent
Ami il est trop tôt tant que tout tient à toi
Ami quand tu pars loin il ne que reste moi

As-tu déjà dans le fracas des nuits sans bruit
Tenté de hurler sans larmes tenté de frapper sans armes
Tenté sans rien détruire qui ne soit vivant ou beau
De rire alors que ta seule compagnie soit ton écho

Et que le lendemain rien ne reviendra 
Que les éclats de tes verres qui restent là par terre
A se payer ta tête et celle des passants en l'air
Ces matins où les violoncelles ne jouent pas

Ami quand tu pars loin il ne que reste moi


Corps qui veut dire oui mais crache sur le pavé
Qui amasse sur pierre de la bile en terre
Six pieds sous elle je viendrai te raconter
Ce que chantent les pissenlits et les vers

Ami quand tu pars loin il ne que reste moi


La gorge s'en vient faire un tour du côté rouge
De gauche en gauche de bouge en bouge
Trimballe les mot de ceux qui n'en peuvent plus
Qui ne veulent pas dire qu'ils en ont trop eu

Ami...
Je te dirai que j'en veux encore,
D'ici le temps de madame la mort...
Mais les violoncelles ne jouent plus.

Les allumettes

Je fumerais bien une cigarette
le feu seulement me fait défaut
il faut que j'aille chercher des allumettes
je vais pousser jusqu'au bistrot
j'enfile une veste et mon aimée
et foule sans ciller le pavé
deux petites minutes et c'est réglé
le tabac est juste à côté

jolie danseuse qui s'ignore
soulève devant moi une tempête
de fanfreluches sur un décor
de chute de reins digne d'un esthète
trois rues plus loin elle m'abandonne
à mon doux sort et je m'étonne
d'avoir quitté le quartier
qu'importe je change de tabatier

j'en connais un sur mon chemin
ouvert à tous les azimuts
au tout venant et à toute heure
un petit détour et c'est plié
sitôt passé le coin d'une rue
déboule une bande d'hurluberlus
je me retrouve je ne sais comment
à la super fête du moment

8 heures plus tard un bout d'aurore
vient me chatouiller les prunelles
où je suis bon dieu c'est quoi ce décor
puis je fumerais bien une petite camelle
direction au plus près possible
la prochaine agglomération
le stop c'est un peu pénible
et c'est plus ma génération

le soleil est déjà bien haut
mais les routiers sont sympa
un trente trois tonnes stoppe juste là
m'emmène dans son camion frigo
Morphée débarque sans s'annoncer
et m'en colle une dans les dragées

par la lorgnette de mon réveil
j'entre aperçois le soleil
et m'ébahis c'est quoi ces murs
tout cela n'a rien de familier
les chants les vents d'une autre culture

alors toujours pas de cigarettes
ce pays est un peu spécial
on me propose un truc local
le vent m'emporte en bacchanales
et je parcours toute la planète
Népal, Pérou et Portugal

me voilà de retour dix ans plus tard
elle m'en veut un peu, c'est étrange
ça crie ça gueule que je suis en retard
je sors un peu pour me détendre

et un cd 6 titre sans titre, un!

zicocirk à abbeville

lundi 5 avril 2010

Monsieur!

Sitôt que s'entrevoit
l'éventualité que
peut-être il se pourrait
que l'on déverse
dans des oreilles diverses
quelques idées conçues
par des mœurs incongrues
se posent sur nos lèvres
des hordes de corbeaux
prêts à lécher nos mots
en pieuses convenances
allons ne bousculons pas l'existence

vous me broyez les couilles, monsieur

l'éternelle redondance
des vomissures lyriques
ne laisse que peu de chance
d'émoustiller les commissures
de mon faciès
si je ne recherche pas
dans les jupes de cet air
les hurlements de liesse
des grands folliculaires
j'en arrive à plier de l'échine
afin de me satisfaire des sacrosaintes routines
voilà qu'à grand coup de pied dans le train
vous me ramenez du couplet au refrain

vous me broyez les couilles monsieur

peut être ma chanson
manque-t-elle d'aphorismes
que le maître étalon
pardonne mon cynisme
si mes vers sont casse-gueule
et exempts de rengaines
la prose que je dégueule
ne plantera pas de graine
voilà pourquoi je vomis cet air
il est j'espère dans la veine populaire
voici mon refrain il n'est pas bien méchant
dans le droit chemin je rentre finalement

vous me broyez les couilles monsieur

J'aime pas

Les icônes crétines ça me creuse la rétine
les beautés félines quand c'est froid j'aime pas
la dégueule acoustique du culte cathodique
ça devient mystique de pouvoir j'aime pas

on a tout vu le monde
tout au travers des ondes
et les fesses d'une brune
la surface de la lune
qu'il reste si peu à faire
en bougeant son gros cul
on connaît moins sa rue
que le bout de la terre

les idiomes de Palestine le goût des mandarines
et les plantes médecines chez soi ça s'apprend pas
les coliques intestines les guerres et les famines
les peurs assassines ça vend du reste chez toi

mais voilà qu'en septembre
la terre se met nue
les arbres en rougissent
de la voir dévêtue
et les quidams maudissent
en bons cavernicoles
que toute cette nature morte
vienne joncher leur sol

les saisons se dessinent les années courbent l'échine
et les hommes s'enracinent leur idéal c'est ça
les cris des machines le bout de leur pine
le blé qu'ils ruminent il ne leur reste que ça

une casquette de gavroche
les mains au fond des poches
un pied sur le fil d'horizon
funambule en toute saison
les dents plantées dans le présent
à vaut l'eau ce que j'aime pas
moi la vie j'aime ça

Croquemitaine

Je sais qui vous êtes
je vous ai vus l'autre soir
vous étiez à ma fenêtre
vous dansiez dans le noir
vous marchiez au plafond
croquant de la lumière
parcouru de frissons
vous me glaciez la chair
Ô monstres sous mon lit
vous changiez de visage
vous deveniez harpies
ogres des marécages
alors vos yeux s'illuminent
dans le fond du placard
ça complote ça fulmine
ça grogne à mon égard

lors j'ai des idées malsaines
suivi par le croquemitaine
de tout de rien du mal du bien
j'ai peur

je sais qui vous êtes
je vous ai vu allez au diable
seigneur de la disette
vous trôniez à ma table
caressant de vos doigts
mon précieux bas de laine
menaçant et sournois
le gourmand croquemitaine
du noir j'ai peur
de la faim j'ai peur
d'importuns j'ai peur
des histoires j'ai peur
du beur j'ai peur
de tout perdre j'ai peur
d'être seul j'ai peur
que j'en meure j'ai peur
du nombre j'ai peur
de mon chien j'ai peur
de mon ombre j'ai peur
du voisin j'ai peur
que tu partes j'ai peur
fait divers j'ai peur
et l'enfer j'ai peur
d'avoir peur j'ai peur

Ô monstre de la nuit
vous creusiez ma mémoire
dans l'ivoire de mes os
érigeant un manoir
à la gloire de mes maux
mes yeux se révulsant
capitonné de faux
je suis un mort vivant

je sombre dans la haine
mangé par le croquemitaine
de tout de rien du mal du bien
j'ai peur

Les rues (Simon Barbe)

Mais nous la rue nous a pris
et depuis on y chante la vie
entre nos lignes on lui dit merci
car c'est grâce à elle si on sourit

notre vie c'est les rues d'ici
ou du moins jusqu'à aujourd'hui
on y vit on y pousse nos cris
ceux qui nous ont portés jusqu'ici

nos chapeaux poussent dans les rues
où on vous chante la bienvenue
et si on joue à bras ouverts
de sourires on devient millionnaires

et si aujourd'hui on bat le pavé
c'est juste que ça nous fait rêver
si on rêve tous de se mettre au vert
c'est dire si la vie est à tomber par terre

Je suis mort

Je suis mort ce matin bien portant pas de faim
je suis mort ce matin bien au chaud pas de froid
je suis mort ce matin bien heureux pas de chagrin
je suis mort
dans mon petit lit de bois très ému je revois
ma toute première victoire des premiers pas maladroits
le temps passe sans savoir que le temps passe encore
quand un enfants découvre ses tous premiers trésors
la vie n'est qu'un mot, la vieillesse une fable
et bien sûr les châteaux ne sont faits que de sable

je suis mort

je me repose quel bonheur de revoir encore une fois
les prunelles de cette fille qui m'aimait autrefois
mille lieues de grandes frayeurs je crève d'amour parfois
et souvent de bonheur, la mort ne viendra pas
c'est une sœur qui danse encore sous les couvertures de marbre
des stèles fleuries qu'on décore sur lesquelles on palabre

moi je découvre le feu
les pleurs et les adieux
au champ des orphelins
s'éteint le chant des miens
et puis quelques brins d'herbe
et puis tous les embruns
toutes les mers corps et biens
et les nuits où l'on gerbe
et puis le vent du nord
les maisons au toit blanc
et les prairies d'Irlande
et ces fruits que l'on mord
quelques pagodes en Chine
et mon souffle sur ton dos
les chats qui dressent l'échine
et le Kilimandjaro
et puis les romans de Pénac
la silhouette des dames
tout ce qu'il reste dans mon sac
je vis et je le clame


Il reste quelques fortunes
que se garde la lune
deux ou trois farfadaises
dont je ne vois que l'allure
je vois surtout le miel
et toutes les créatures
les mille et un soleils
gravés sous mon galure

de l'immortalité vendue par les grands saints
des prêches du dimanche qui rendent dieu importun
ou du pouvoir sénile des sénats grabataires
il était hors de question d'en faire mon affaire
les drapeaux et la croix donnent vie au pantin
d'aucun fil je ne voulus, accroché à mes mains

aujourd'hui je suis mort

s'il est un avenir offrant quelques surprises
des expériences nouvelles, il n'en est de plus belle
que d'offrir une danse à la divine marquise
et de fumer la pipe avant qu'elle ne chancelle
je frémis à présent devant le dénouement
comme à la fin d'un conte s'impatiente un enfant
aujourd'hui qu'en est il?
Un grand caillou fertile, dans l'univers une île
où crève un imbécile
qu'à cela ne tienne, j'enroule ma toile
un salut au public, je mets les voiles

je suis mort!

coquelicots (Emmanuelle Fleytoux)

En attendant de voir, du bout des pinceaux
sur les chemins du soir pour la danse des coquelicots
délicieux rêveur, de note en note de souffle en souffle naviguons
avant que le coquelicot ne meure sur le chant d'un accordéon
ver à soie de tes propres mensonges, étouffe-toi
taquinons ta quiétude, jusqu'au bout de ta solitude,
de ta toile et hop mettons les voiles
l'écume des chiffons, est dans tous les caniveaux de note en note rêvons
grimpons sans peur sur le bateau
avant que le coquelicot ne meure sur le chant d'un accordéon
les flocons blancs nous guideront au nord
si nous suivons le vent ton coquelicot nous mènera à son sort et l'accordéon chantera encore et encore et encore...

Coquillette

Coquillette, mignonnette
Tous les jours dans mon assiette
Tu régales mes fringales
Tu mets un sourire sur ma tête

Coquillette c’est la fête
Je n’en laisse jamais une miette
Avec une noix de beurre
C’est toi qui fais mon bonheur

Coquillette dans mes emplettes
Tu as une place de premier choix
Pas besoin d’être malhonnête
Pour acheter des coquillettes

Coquillette c’est bien chouette
De pouvoir compter sur toi
Savoir que pour une piécette
Je mangerais comme un roi

Coquillette jamais j’arrête
C’est un bonheur au quotidien
Quand même avec une côtelette
Ça passerait vachement bien

Coquillette dans mon assiette
Tu commences à me prendre la tête
Tous les jours le même discours
Ça devient lourd à supporter

Coquillette faut que j’arrête
Je suis sur le point d’exploser
Il faut vraiment que j’achète
Quelque chose d’autre à manger

Coquillette faut que ça pète
Ça va être vrai carnage
Un bonjour a la supérette
Je fais exploser ma rage

Coquillette c’est la fête
Je fais exploser les têtes
Ouvrez bien grand vos mirettes
J’vous transforme en coquillettes

Je les ai mes côtelettes
J’aurais un festin ce soir
Et à coup de mitraillette
Je me fabrique des passoires

Botlecudunflic

Si un jour par mauvais temps
Tu te retrouves dans la misère
Que tu n’as plus d’autre choix
Que même l’argent devient trop cher
si tu dors sous les ponts
prends ton courage entre tes mains
si ta maison est en carton
écoute donc voir ce petit refrain

Botte le cul d’un flic
Et tout de suite t’es récompensé
T’as gratuitement une piaule chauffée

Si d’aventure destin fatal
Tu te retrouves seul sur la terre
Que plus personne ne veut te passer la balle
Que tu as un cafard d’enfer
Si tu cherches de la compagnie
Va voir à la préfecture
il y aura là quelques amis
Toujours prêts à l’aventure

Botte le cul d’un flic
Et tout de suite c’est le bonheur
Des amis pour 72 heures

Si par malheur tu tombes malade
Que tu sens que la santé te lâche
Que personne n’est à ton chevet
Même pas un pote pour t’achever
Rassemble tes dernières forces
Arme ton pied le plus leste
Ajuste bien ton amorce
Et vise entre les deux fesses

Botte le cul d’un flic
On prendra ta température
Sans thermomètre au mercure

Si l’amertume gagne ton cœur
Que le grand amour s’est fait la malle
sois pas trop triste et sèche tes pleurs
de toute façon tu vaux que dalle
motivé à la cigüe
Va prendre l’air dans la rue
Trouve une petite contractuelle
Et donne lui un coup dans l’aile

Botte le cul d’un flic
T’as tout un contingent aimable
Offert par le contribuable

De sel et de cannelle

Qu’il en faut du temps pour qu’une nuit s’allume
Et devienne au matin quand les nuages s’écument
Un drap que l’on soulève pour que la chair exhume
Les absences en volutes que le feu consume
Et toi beauté fille de l’inconnu
Voilà que tu t’es posée et que tu t’es mise nue
Pour me raconter les contes de la vue
Du goût et du toucher une fois le jour venu
De toutes ces vallées de sel et de cannelle
Ornées de tétons de lèvres et de prunelles
(Parcouru de frissons dressant aux vents charnels)
Des vagues dans les lagons chavirons à l’appel
De ces lutins d’Irlande cachant sous la mousse
Les trésors de la lande au creux des toisons rousses
Des émeraudes si douces qu’elles se veulent en amande
Une amante si rousse que j’en redemande

Qu'aucun

Y a quelqu’un pour chacun
Et chacun s’attend chez soi
Y’a un coquin chez chacun
Et chacun se moque de moi
Pasque moi je n’ai pas quelqu’un
J’suis un coquin disent les voisins
Y a pourtant bien une coquine
Qui voudrait bien être ma copine
Y’a quelqu’un pour chacun
Et chacun pour chacune
Et chacune qui voit le sien
Le sien qui a plus de thunes
Que moi sans un centime
Et cet hymne je le tiens
De ce rien mais intime
La voisine a dit viens
Et la coquine a bu mon vin
Elle m’a pris par la main
Là y en a une qui est pour un
Là dessus je ne dirai rien
Y a quelqu’un pour chacun
Y en a une qui attend chez moi
Qui est coquine comme aucune
Celle là je la garde pour moi

polka du trépas

Que la vie est belle quand ton cœur s'emballe
De battements malicieux et glisse entre mes doigts
Avant de s'arrêter
Que ton chant est doux à me rendre fou
Frissonnant de sueur attendant ton heure
Les pupilles révulsées

C’est la marche du testament
La java du sang
La danse de la potence
La polka du trépas

Que l'amour est bon, donner pour donner
Reprendre et violer dans les bas quartiers
La beauté la jeunesse
Que le temps s'écoule voluptueux amants
Doucement fumant du crack pour de l'argent
Ou le temps d'une bassesse

R

Que le ciel est bleu si profond que tu fonds
Tes lacets se défont ainsi font font font
Les petites marionnettes
Que le geste est gracieux au reflet de tes yeux
Quand ta gorge sourit fendue au bistouri
Dans une rue déserte

R

Que le monde est beau quand il est vu d'en haut
Quand on a le pouvoir celui de décevoir
Sans que rien ne se passe
Que les cœurs s'étreignent le soir en se couchant
Parce que ceux qui règnent entretiennent leurs tourments
De journaux noirs de crasse

R

Que la vie est belle quand la mort s'en mêle
Que le rouge et noir colore les trottoirs
D’une odeur d'abattoirs
Qu’on a de la chance nous de vivre en France
Loin de la souffrance de l'intolérance...