lundi 14 juin 2010

Raoul

Combien de corps dans les ruisseaux
Combien de bile dans les caniveaux
Liquide blanc rouge ou mordoré
Qui nous fait voir les monts dorés
Sans y toucher

Et l’ivresse des bas fonds
Les corps en liesse les mots profonds
Les errances dans les blancs corsages
Les corps délaissant leurs images
Au profits de nos bas instincts
Désentravés du dédain

Crasse sur les démons de l’excès
Face à ses sermons caressés
Les péchés les morsures
De la vie qui n’est pas si dure
Qui dure au point de l’indécence
Encore une goutte et c’est l’absence

Et les vagues dessinant des silences
Et puis des cris et plus de sens
Pour un voyage en carrousel
L’oubli puis les bras d’une belle
La vie ne repousse pas
Pour qui voudrait la planter là

Et si ce n’est pas elle
Qui nous enivre
Il y aura une autre bouteille à suivre

Rayon boucherie

Je l’ai croisée au supermarché
Elle avait une robe bleue comme son petit panier
Elle avait le visage d’un ange
En palpant de ses jolis doigts une orange
Elle avait de jolis petits seins
Qu’on aurait tenus dans une main
Et une bouche rouge cerise
A croquer sans gourmandise

J’avais envie de poser genou à terre
Devant le rayons des camemberts
Lui dire t’es la huitième merveille
Juste après la bière et le sommeil

Je tournais en rond
De rayon en rayon
La cherchant de mes yeux
Elle s’en foutant un peu
Elle n’aura sûrement pas vu
Que moi j’avais bien vu
Qu’elle ne m’avait pas vu
Que j’avais la berlue
Devant ses beau pieds nus
Moi qui avais aperçu
Qu’elle était toute nue
Sous ses vêtements

Une de perdue...

T’en fais pas c'était une salope
T’en fais pas elle te manquera pas
Tire pas cette tronche mon gars t’en trouveras une autre
Une de perdue c'est une que tu perdras plus
Puis t'as quand même gardé sa culotte
Puis t'avais même pas payé pour celle-là
Arrête un peu de verser des litres de flotte
C'est un boudin toi tu valais mieux que ca

Bon d'accord maintenant elle est avec moi
Mais je suis un salaud toi elle te méritait pas
Tu sais c'est un peu pour toi que je le fais
Tu vois je fais un sacrifice de plus

J'te vois chialer, et tu sais ça me fait de la peine
On est des frères on peut tout partager
Tu voulais qu'elle soit heureuse, et ben tu vois c'est fait
T'as pas à te plaindre ton vœux est exaucé

Qu’est-ce-que tu fais joue pas avec ça
Si tu me tues, tu pourrais perdre un pote
J’le crois pas t'es vraiment un ingrat
Après tout ce que j’ai fait pour toi
Et allez donc rendre service aux potes
Ils vous le rendent c'est sur mais à coups de bottes
Moi je vous le dis y a plus de moralité
Y a plus un pote sur qui on peut compter

Vous en faites pas c'est toutes des salopes
Vous en faites pas elles vous manqueront pas
Tirez pas ces tronches vous en trouverez d'autres
Une de perdue c'est une de plus pour moi.

L'air con

Une marionnette à faire danser
Un coup de crayon pour voyager
Un pinceau fin pour faire du bien
Un plus épais pour faire rêver

Une chanson un petit air con
Pour faire bouger sous les balcons
Un air de guitare un peu bourrin
Pour faire sauter les galopins

c'est une chanson un petit air con
avec des mots un peu bidons
et des notes

Un petit coup d’accordéon
Pour faire tourner les Madelon
Une petite histoire un conte
Avec la voix de Gabin

Pour que le temps remonte
Jusqu’aux oreilles des gamins
Jeter trois balles en l’air
Pour mettre des couleurs sur terre

c'est une chanson un petit air con
avec des mots un peu bidons
et des notes

Et pis marcher sur les mains
Pour voir le monde a l’envers
Tous les jours faire son cinoche
Pour amuser les gavroches

Une aquarelle pleine de douceur
Ça fait voler tous les malheurs
Une histoire drôle un peu grivoise
Pour que les passants nous toisent

c'est une chanson un petit air con
avec des mots un peu bidons
et des notes

Un rire de fille dans un jardin
Pour sourire jusqu’au matin
Un petit baiser à un paumé
Ça le fait chavirer

Georges

J’aimerais pouvoir te parler du hasard
Et de nos choix qui font qu’il n’existe pas
J’aimerais pouvoir discuter avec toi
De la faim du froid qui indiffère le bourgeois
J’aimerais pouvoir te parler de tout ça
Mais toi tout ce qui t’intéresse c’est les caresses
C’est les caresses

J’aimerais bien te voir t’intéresser
A mes occupations mes lubies mes passions
J’aimerais bien que tu t’occupes un peu
De quelqu’un qui ne soit pas je je je
J’aimerais bien que tu fasses ces efforts
Mais toi tout ce que tu veux c’est que la vie soit un jeu
Que la vie soit un jeu

J’aimerais pouvoir compter sur toi
Quand je ne me sens pas bien pour me serrer contre toi
J’aimerais te voir quand un autre te regarde
Montrer combien c’est à moi que tu tiens
J’aimerais te voir agir comme ça
Mais toi tout ce qui t’importe c’est que l’on sorte
C’est que l’on sorte

J’aimerais pouvoir te parler de mes doutes
De tout ce que je fais pour toi et combien cela me coûte
J’aimerais pouvoir partager avec toi
Tout ce que j’aime et tout ce en quoi je crois
J’aimerais que tu me parles des fois
Mais toi tout ce qui t’interpelle c’est ta gamelle
C’est ta gamelle.

Bon a rien

Qui aurait cru que parti de rien
j'arriverais à rien un sourire aux lèvres
qui aurait voulu faire de moi son roi
et bien ce fut toi voilà qui est bien mièvre
aurait-on pensé que là sans un sous
la gueule en dessous je serais sans regret
un trou dans la poche une cannette en main
payé par vos soins pas besoin d'être riche
il n'y a pas de triche quelques bons copains
un sourire en coin la joie que j'affiche
deux yeux bien plantsé dans une belle journée
un échange de mots avec un clodo
et puis s'il le faut un corps allongé
là pour se frotter c'est pas sale c'est beau

Parade des noctambules

Sous la lueur qui s’étiole
Encore une heure à attendre
Juste une goutte de cette fiole
Pour comprendre

Et si les murs nous mentent
Ce n’est que le prix du rêve
Qui s’accroche et serpente
Nous enlève

Le torrent de nos veines
S’emplit d’une ivresse
Si nouvelle si soudaine
Qu’elle nous blesse

Et les yeux du sorcier
Sortent enfin de la terre
Dans un chaos familier
Des enfers

Alors apparaît
Le conquérant fantôme
De lumière animal
Sur le trône

Sous nos côtes
Sommeille le roi
Il a deux têtes
Il n’en a pas

S’emplit le monde de différence
Je me regarde sans pareil
Il n’y a aucune ressemblance
Je m’émerveille

Je suis le mouton à cinq pattes
Je suis le fils à dieu le père
Je suis l’amour qui éclate
La gueule à Lucifer

S’ouvrent les mers des cinq couleurs
Pour laisser passer le destin
Le peuple du rêve rit et meurs
Mais ne s’éteint

Baigné de lumière ancestrale
Je rejoins mes contemporains
Suant dans un désert mental
Levant le poing

Et je me perds sciemment
Dans cette révolte imaginaire
Les voies grondent d’un seul tenant

Les violoncelles ne jouent plus (Manue Fleytoux)

Ami je reviens de loin là où les lits sont des lèvres
Ami ne tombe pas car ici les tiens s'achèvent
Ami il est trop tôt tant que tout tient à toi
Ami quand tu pars loin il ne que reste moi

As-tu déjà dans le fracas des nuits sans bruit
Tenté de hurler sans larmes tenté de frapper sans armes
Tenté sans rien détruire qui ne soit vivant ou beau
De rire alors que ta seule compagnie soit ton écho

Et que le lendemain rien ne reviendra 
Que les éclats de tes verres qui restent là par terre
A se payer ta tête et celle des passants en l'air
Ces matins où les violoncelles ne jouent pas

Ami quand tu pars loin il ne que reste moi


Corps qui veut dire oui mais crache sur le pavé
Qui amasse sur pierre de la bile en terre
Six pieds sous elle je viendrai te raconter
Ce que chantent les pissenlits et les vers

Ami quand tu pars loin il ne que reste moi


La gorge s'en vient faire un tour du côté rouge
De gauche en gauche de bouge en bouge
Trimballe les mot de ceux qui n'en peuvent plus
Qui ne veulent pas dire qu'ils en ont trop eu

Ami...
Je te dirai que j'en veux encore,
D'ici le temps de madame la mort...
Mais les violoncelles ne jouent plus.

Les allumettes

Je fumerais bien une cigarette
le feu seulement me fait défaut
il faut que j'aille chercher des allumettes
je vais pousser jusqu'au bistrot
j'enfile une veste et mon aimée
et foule sans ciller le pavé
deux petites minutes et c'est réglé
le tabac est juste à côté

jolie danseuse qui s'ignore
soulève devant moi une tempête
de fanfreluches sur un décor
de chute de reins digne d'un esthète
trois rues plus loin elle m'abandonne
à mon doux sort et je m'étonne
d'avoir quitté le quartier
qu'importe je change de tabatier

j'en connais un sur mon chemin
ouvert à tous les azimuts
au tout venant et à toute heure
un petit détour et c'est plié
sitôt passé le coin d'une rue
déboule une bande d'hurluberlus
je me retrouve je ne sais comment
à la super fête du moment

8 heures plus tard un bout d'aurore
vient me chatouiller les prunelles
où je suis bon dieu c'est quoi ce décor
puis je fumerais bien une petite camelle
direction au plus près possible
la prochaine agglomération
le stop c'est un peu pénible
et c'est plus ma génération

le soleil est déjà bien haut
mais les routiers sont sympa
un trente trois tonnes stoppe juste là
m'emmène dans son camion frigo
Morphée débarque sans s'annoncer
et m'en colle une dans les dragées

par la lorgnette de mon réveil
j'entre aperçois le soleil
et m'ébahis c'est quoi ces murs
tout cela n'a rien de familier
les chants les vents d'une autre culture

alors toujours pas de cigarettes
ce pays est un peu spécial
on me propose un truc local
le vent m'emporte en bacchanales
et je parcours toute la planète
Népal, Pérou et Portugal

me voilà de retour dix ans plus tard
elle m'en veut un peu, c'est étrange
ça crie ça gueule que je suis en retard
je sors un peu pour me détendre

et un cd 6 titre sans titre, un!

zicocirk à abbeville