mardi 10 janvier 2012

Fleur Madame

Dans le béton la pierre
rampent les fissures
comme des rivières
sur une mer de murs
poussent dans les cratère
les fleur de bitume
qui purifie l'air
de parfum d'agrume
du sang de la terre
des cœurs de carbone
baigne l'atmosphère
de parfums d'automne

dans le corps des ordures
se love fragile
comme dans un asile
des fleurs de futur
qui prient leurs épines
d'avoir le corps dur
de laisser l'échine
faire la fière allure
quand le vent s'enflamme
tombe les pétales
sur le macadam
pauvre fleur madame

tu es de celle là
fille fleur de chaire
qui pousse dans les bras
du goudron et du fer
tu pousses de travers
tu fleuris à l'envers
de la sève sanguine
et la beauté de l'eau
ruisselle sous ta peau
délicieuse églantine
délicat coquelicot
déchire les morceaux
de la terre maligne
referme les fissures
belle fleur en armure

mardi 28 juin 2011

petit seigneur

Ce qu'on veut c'est du bonheur
dans nos plaines creusées
de sillons ravageurs
et emplir nos tranchées
de rosier grimpeur
et de sourires de filles
on veut des petits matins
aux brumes qui scintillent
des aurores boréales
sans fumée de méthanes
et qu'on nous foute la paix
quand on baigne dans nos songes
où flambent aux bûchers
les angoisses qui nous rongent

Mais qui voilà, petit seigneur
qui insuffle la peur
et maître en la demeure
demeure et règne en maître
de son mètre et demi
est pris pour un sauveur
puisqu'il est beau parleur
qu'il tue nos ennemis

on veut rester rêveur
accepter de vieillir
et mourir de bonheur
dans une mer de souvenirs
on veut faire des enfants
qui aient un avenir
on veut couvrir les gens
de nos doigts de pianiste
de nos rires de géants
de notre amour simpliste
et que lorsque l'on chante
dans les rues endormies
le somnambule serpente
et retourne à son lit

alors sous les clameurs
petit seigneur se fait charmeur
il nous promet l'argent du beur
fait de nous des danseurs
et nous dansons pour l'heure
au rythme de ses humeurs
des fils au bout des doigts
comme des petits soldats

La mer ou la mort

tout minots dans les ruelles il lui faisait voir sa vertu
il découvrait sa citadelle baptisant les terres inconnues
avec ce qu'il faut d'innocence c'étaient les premières ivresses
dans les vapeurs de brume épaisse ils partageaient leurs premiers mots
sans se soucier des brutes épaisses qui faisaient tinter leurs grelots
dans l'espoir vain qu'on les cajole c'est pas de l'amour quand on racole

s'ils faut prendre la mer
et la gueule dans les embruns
le sang bouillant à seau
pissant sur des montagnes d'eaux
ou à terre garder son cul
marié où pendu
va pour la danse des nues

à coup de dentelles et de brûlots finies les ruelles des premiers mots
il l'emmènera sur un bateau une coque de noix de sa bricole
ils seront les seuls matelots et la jeunesse n'a qu'une parole
même parafée à la picole dans les arrières salles de bistrots
où l'alcool coule sur les vestons dans les grognements des ivrognes
loupiots qu'ils sont dans leurs visions tandis que se tordent les trognes

s'ils faut prendre la mer
et la gueule dans les embruns
le sang bouillant à seau
pissant sur des montagnes d'eaux
ou à terre garder son cul
marié où pendu
va pour la danse des nues

causer ça remplit pas le frigo faut bien vivre les petits boulots
il partiront pêcher la chimère quand aura grossi leur magot
rêvons encore un petit morceau dans la houle d'un dernier verre
là sous les tables ça grouille à terre dans les relents de mauvaises bières
ils ne seront pas comme ces clodos à mourir chaque jour dans une chope
eux ils baiseront Amérigo et il feront valser Europe

s'ils faut prendre la mer
et la gueule dans les embruns
le sang bouillant à seau
pissant sur des montagnes d'eaux
ou à terre garder son cul
marié où pendu
va pour la danse des nues

à ne pas lever l'ancre les goémons ça pousse jusque dans le ciboulot
café du port c'est un beau nom pour deux rêveurs sans ambition
le travail c'est un démon qui vous met les couilles dans un étau
à servir les buveurs d'océan les années vous noircissent le sang
si les Juliette les Roméo ne vivent pas jusqu'à 20 ans
c'est qu'il faut partir de son vivant se marier c'est mourir trop tôt

s'ils avaient pris la mer
et la gueule dans les embruns
le sang bouillant à seau
pissant sur des montagnes d'eaux
à la terre se sont vendus
marié où pendu
va pour la danse des nues

dimanche 26 décembre 2010

Carnaval

La carne avale
toutes les cabales
mais on se moque
de ce qui s’étale
sur nos pébrocs
tant que dessous
on brasse trois sous
et puis c’est tout
alors on laisse
pousser la laisse
à notre cou
et sa majesté
tenir le bout

mais la terre pour y semer du blé dur
ou du lierre pour grimper le long des murs

la came isole
même la picole
quand on s’envole
beaucoup trop haut
beaucoup trop loin
et puis tout seul
on a sa gueule
et rien de plus
pour vivre heureux
que faudrait-il de moins
pour ne pas crever
seul dans son coin

mais la vie au creux des bras d’une inconnue
ou de la fille pour qui les jours continuent

pourquoi s’en faire
pourquoi l’enfer
même si le bout
de nos croquenots
a plus de trous
qu’un parigot
n’a de verrous
n’a de sanglots
on a la vie
on a le temps
une paire de mains
pour choisir son camp

ou poser nos chaussure de cloune ?
de trop grands pieds pour notre sol
on sait aujourd’hui qu’on ne peut pas vivre sur moon
la terre est un carnaval de camisoles

Les orangers

Avec la rue pour charpente nous avions de quoi mourir
Dans ces rues que l’on arpente quand le ciel vient à rougir
Voilà qu’à l’ombre sinistre d’un quartier en ruine
Entre les persiennes opalines s’offre une maison orpheline

Dans les cris de joie si la chaleur s’en mêle
Mais le plus souvent du sang dedans nos veines
Ca ne suffit pas

A coup de pinceau dans les murs une porte s’est ouverte
Et au milieu des ordures nos corps sont restés inertes
Là, auprès des orangers derrière les vitres cassées
Ici une lézarde est un trait, la mansarde un Monet

Dans les cris de joie si l’ivresse s’en mêle
Mais le plus souvent de la bière dans les veines
Ca ne suffit pas

Autour des rires de fou, quand l’argent change de sacoche
Un couteau et un corps au bout si les doigts se trompent de poche
Drapé d’un silence pesant quand viennent les besoins pressants
Dans un recoin on se terre crispé sur une barre de fer

Dans les cris de joie si l’ivresse s’en mêle
Mais le plus souvent de l’acide dans les veines
Ça ne suffit pas

Ici cela n’a rien d’étrange quand les journées changent de sens
C’est dans le giron de la nuit que la vie pose ses semences
Et sous la flamme des bougies, se cachait un miracle
Alors les traits de nos esprits firent des murettes un spectacle

Dans les cris de joie si l’ivresse s’en mêle
Mais le plus souvent de la peinture sur nos peines
Ça ne suffit pas

Sous la trace d’un burin on a peint la lanterne rouge
Des orangers et des Monet jusqu'à ce que plus rien ne bouge
Et puis chacun son sang mais le cœur unanime
Nous avons mit du vent entre nous et l’orpheline

dans les cris de joie si l’ivresse s’en mêle
et le plus souvent du sang dedans nos veines
on ne s’en fait plus

vendredi 19 novembre 2010

Madame Siouplé

Encore une chope dans un bastringue
voilà 100 ans que je sirote au zinc
dans les effluves de la misère
madame siouplait encore un verre
madame siouplait...-

madame est morte sur le zinc
en servant son dernier verre
à la santé d'un baltringue
qui n'a jamais fini sa guerre
madame est morte !
Madame est morte !

Dans le reflet de ses yeux moches
comme sur l'écran du cinoche
c'est toute sa vie qui dégouline
sur les poivrots et leur chopines

l'innocence de ses dix ans
entre les cris de ses parents
la fraîcheur de ses vingt ans
les fesses offertes au tout venant
dans le doute de ses trente ans
mariée à un habitué
et puis à quarante balais
elle l'a viré à coup pavé
arrivée sur la cinquantaine
plus rien ne lui fait de la peine
à soixante il est trop tard
pour commencer une autre histoire

madame siouplait comment je fais
allez vous pouvez pas crever
je vais quand même pas me servir tout seul
puis faux vraiment que je me saoule la gueule
puisque vous restez au comptoir
je vais vous raconter mon histoire

l'innocence de mes dix ans
entre les cris de mes parents
la grande gueule de mes vingt ans
dans les bistrots évidement
dans le flou de mes trente ans
marié à une fille du quartier
et puis à quarante balais
je me fais virer à coup de pavé
arrivé à la cinquantaine
cette pute de bouteille n'est jamais pleine
à soixante il est trop tard
profession pilier de bar

j'ai pas vécu et je suis pas mort
je suis devenu complètement dingue
à boire des chopes dans ton bastringue
dans les effluves de la misère
madame siouplait encore un verre
madame siouplait...

A la santé!

Je voudrais lever mon verre
à tout ce qu'il y a de beau sur la terre
Oublions pour un instant
les fait divers les mauvaises gens et les galères
que l'alcool donne à mes yeux le courage
de goûter au doux mirage d'un monde parfait
puisque vous et moi et lui
sommes des amis pour aujourd'hui
trinquons ensemble à la timbale

A l’amour aux mille chemins
Aux détours à ceux qui tendent la main
A la mémoire des beaux matins
A l’espoir que demain ça recommence
A la chance qui mène la danse
Aux demoiselles
qui nous entraînent sur leurs elles
Aux beaux gars qui referment leurs bras
avec douceur et la tendresse
de leurs caresses
A nos amis perdus pas tous sous terre
certains espèrent grandir à l'envers
A nos histoires pas toutes menties
la plus magique c'est le sens de la vie
A cette instant sans prétention
A ce présent qui ne fini pas de s'étaler de jours en jours
Aux voyages des continents de notre terre
ou de l'imagination
A l’alcool qui nous en vole
des souvenirs les plus frivoles
A la musique cette angélique
qui tresse nos nerfs à nos chimères
A toi qui écoute moi
dans mon délire que tu peux lire
sur tes doigts
A cette vie, ses vices et vertus le temps qui tue les amertumes

Allez à demain, s’il y en a un.