lundi 5 avril 2010

Je suis mort

Je suis mort ce matin bien portant pas de faim
je suis mort ce matin bien au chaud pas de froid
je suis mort ce matin bien heureux pas de chagrin
je suis mort
dans mon petit lit de bois très ému je revois
ma toute première victoire des premiers pas maladroits
le temps passe sans savoir que le temps passe encore
quand un enfants découvre ses tous premiers trésors
la vie n'est qu'un mot, la vieillesse une fable
et bien sûr les châteaux ne sont faits que de sable

je suis mort

je me repose quel bonheur de revoir encore une fois
les prunelles de cette fille qui m'aimait autrefois
mille lieues de grandes frayeurs je crève d'amour parfois
et souvent de bonheur, la mort ne viendra pas
c'est une sœur qui danse encore sous les couvertures de marbre
des stèles fleuries qu'on décore sur lesquelles on palabre

moi je découvre le feu
les pleurs et les adieux
au champ des orphelins
s'éteint le chant des miens
et puis quelques brins d'herbe
et puis tous les embruns
toutes les mers corps et biens
et les nuits où l'on gerbe
et puis le vent du nord
les maisons au toit blanc
et les prairies d'Irlande
et ces fruits que l'on mord
quelques pagodes en Chine
et mon souffle sur ton dos
les chats qui dressent l'échine
et le Kilimandjaro
et puis les romans de Pénac
la silhouette des dames
tout ce qu'il reste dans mon sac
je vis et je le clame


Il reste quelques fortunes
que se garde la lune
deux ou trois farfadaises
dont je ne vois que l'allure
je vois surtout le miel
et toutes les créatures
les mille et un soleils
gravés sous mon galure

de l'immortalité vendue par les grands saints
des prêches du dimanche qui rendent dieu importun
ou du pouvoir sénile des sénats grabataires
il était hors de question d'en faire mon affaire
les drapeaux et la croix donnent vie au pantin
d'aucun fil je ne voulus, accroché à mes mains

aujourd'hui je suis mort

s'il est un avenir offrant quelques surprises
des expériences nouvelles, il n'en est de plus belle
que d'offrir une danse à la divine marquise
et de fumer la pipe avant qu'elle ne chancelle
je frémis à présent devant le dénouement
comme à la fin d'un conte s'impatiente un enfant
aujourd'hui qu'en est il?
Un grand caillou fertile, dans l'univers une île
où crève un imbécile
qu'à cela ne tienne, j'enroule ma toile
un salut au public, je mets les voiles

je suis mort!

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